Tour d’horizon 2014 des rencontres transsexuelles en France
Comme nous avons récemment traduit le site en français (ainsi qu’espagnol, italien et thai), j’ai naturellement commencé à regarder ce qui se passe sur le « marché français » des rencontres trans. Le terme sonne un peu trop business à mon gout, mais après tout, les rencontres amoureuses c’est du marketing, on se vend soi même! Voici donc mon tour d’horizon 2014 des rencontres transgenres en France.
2014 parce que j’écris cet article en 2014, mais j’aurais pu écrire la même chose il y a 10 ans. Le paysage des rencontres trans en France n’a pas beaucoup évolué depuis ! Je me rappelle de l’époque où j’étais encore un jeune célibataire vivant en France, c’était il y a 10 ans tout pile d’ailleurs. Déjà à l’époque il était très difficile pour moi de faire des rencontres trans. Il faut dire que j’habitais en province dans une ville moyenne, j’imagine que la tâche aurait été plus facile si j’habitais à Paris. Mais les rencontres amoureuses ne sont pas le privilège des seuls Parisiens. Et d’ailleurs, pour ce qui est de la langue française, n’oublions pas que nos voisins les Belges, Luxembourgeois et Suisses le parlent également. Sans oublier nos amis lointains du Quebec.
Alors, qu’est-ce qui rend la tâche difficile en France ? Deux raisons majeures selon moi.
1. Les femmes transgenres françaises sont discrètes
Et oui, elle sont discrètes. Non pas qu’elles ont honte, ou qu’elles ne s’acceptent pas. Mais en France, les trans ont toujours tendance à être stigmatisées et difficilement acceptées dans notre société. Nous ne sommes pas en retard pour ce qui est des droits des personnes transgenres dans notre pays (la sécurité sociale finance les transitions, la loi reconnait les discriminations transphobiques…), mais la société elle même, c’est-à-dire les gens, manquent généralement d’éducation et de tolérance à ce sujet.
Une conséquence est que les trans françaises n’affichent pas publiquement leur statut de trans. Très compréhensible d’ailleurs car au final, cela ne regardent qu’elles. Oui mais, du coup ce ne sont pas toute les femmes trans françaises qui sont prêtes à s’inscrire sur un « site de rencontres spécial trans ». Certaines préfèrent faire leurs rencontres sur les sites pour le grand public, en statuant ou pas sur leur profil leur condition transgenre. Cela les expose à un risque de refus au moment fatidique de l’annoncer aux hommes avec qui elles discutent. Certains hommes l’acceptent, d’autres pas. Et cela rend la tâche difficile pour les hommes, comme moi, qui sont à la recherche d’une partenaire trans, tant les profils trans sont dilués dans une mer de profils « non trans ».
2. Il y a un amalgame entre transsexuelle et libertinage
J’ai beaucoup cherché, dans ma vie de célibataire jusqu’à maintenant, ce qu’est la scène trans de France. Déjà à l’époque, les seules choses que je pouvais trouver étaient associées à des activités pour adultes débridées, et parfois illégales. Il y a bien une discothèque à Paris (une et une seule) qui organise des soirées trans. Bien que je n’y ai pas été moi-même, tous les échos que j’en ai eu rapportaient qu’on y trouvait seulement des personnes vendant leur corps et des travestis en recherche de relation d’une nuit. Pourtant, si on traverse la Manche ou le Rhin, je vous assure qu’il y a des discothèques trans plutôt décentes. D’ailleurs ce même club Parisien possédait déjà son site de rencontres trans, et il existe toujours, mais il reflète parfaitement cette vision amalgamique entre transsexualisme et libertinage. Fail et re-fail.
En parlant de sites de rencontres, la plupart des sites de rencontres trans français ne sont en fait qu’une sous-catégorie d’un site de rencontres strictement pour adultes. Il y a bien quelques forums décents pour trans (comme l’excellent i-trans.net), mais ce n’est pas vraiment l’endroit pour faire des rencontres, les hommes y sont les bienvenus, mais c’est avant tout une place d’échange et de discussion.
Une situation bien différente chez les personnes trans d’Asie
Je connais assez bien la scène trans en Asie (je vis aux Philippines moi même), et les choses y sont bien différentes. Les ladyboys des Philippines et de Thailande ne sont en général pas discrètes du tout sur leur statut, elles le revendiquent même haut et fort. Cela vient d’une société globalement plus tolérante, acceptante, même indifférente envers sa population transgenre. De la même façon, bien qu’il y ait énormément de vendeuses de charmes dans la population ladyboy de ces deux pays, j’ai l’impression qu’il n’y a pas tellement d’amalgame, et que les locaux ne sont pas emprunts de ces clichés.
D’un point de vue personnel, je suis content que notre site soit maintenant disponible en français, ouvert à toutes les transsexuelles Françaises, Belges, Luxembourgeoises, Suisses ou même Canadiennes… en recherche d’un partenaire aimant et sérieux. Notre site a aidé de nombreuses transsexuelles Philippines à rencontrer l’amour, et ce n’est que justice de pouvoir enfin délivrer ce service localement en français.