Étude : 7 découvertes sur l’expérience de coming out des femmes trans et des hommes trans-orientés
Étant donné que de nombreuses personnes LGBTQIA+ dans le monde font leur coming out chaque année, nous célébrons la Journée nationale du coming out chaque 11 octobre. My Transgender Date a voulu faire quelque chose d’un peu différent cette année, notre équipe a donc mené une petite étude pour évaluer l’expérience de coming out des femmes trans et des hommes trans-orientés.
Pour la plupart des gens, le coming out est le début d’un nouveau chapitre de la vie. Pour certain·e·s, cela peut changer leur vie positivement. Mais pour d’autres, il peut entraîner des conséquences négatives. Qu’est-ce qui motive les gens à faire leur coming out malgré les difficultés ? Quelles sont exactement les craintes et les pertes ressenties par les personnes LGBT dans le cadre de leur propre coming out ? Au travers de notre étude, nous avons une vue plus claire sur ces questions.
Cette page est issue de la traduction de notre étude « Study: 7 findings on the coming out experience of trans women and trans-oriented men »
- Découverte 1: Les femmes trans sont 3 fois plus nombreuses à faire leur coming out que les hommes trans-orientés
- Découverte 2: Les ami·e·s et les mères sont les premières personnes à qui l’on fait son coming-out
- Découverte 3: Un répondant « in » sur dix déclare vouloir faire son coming-out d’abord à son·a conjoint·e
- Découverte 4: Les femmes transgenres font leur coming out à un âge plus précoce que les hommes trans-orientés
- Découverte 5: Le coming out entraîne des conséquences négatives (pour certain·e·s)
- Découverte 6: Les répondant·e·s in craignent beaucoup de faire leur coming out
- Découverte 7: Faire son coming out n’est pas aussi terrible que les gens le pensent
Terminologies
Cet article contient du vocabulaire et de l’argot LGBT dans un souci de simplicité et de lisibilité.
L’expression « trans-orienté » désigne une personne qui est attirée par les personnes trans. Ici, nous avons spécifiquement interrogé les hommes trans-orientés qui sont attirés par les femmes trans.
Coming out (du placard) est une expression métaphorique pour décrire le moment où une personne LGBT s’ouvre sur son orientation sexuelle (lesbienne, gay, bisexuelle) ou son identité de genre (trans).
Le terme « in » (ou « dans le placard ») désigne une personne LGBT qui n’a pas encore fait son coming-out. Nous parlons ici de femmes trans in, d’hommes trans-orientés ou d’autres répondant·e·s.
Être « out » (du placard) fait référence à une personne LGBT qui a déjà fait son coming out. Nous parlons ici de femmes trans, d’hommes trans-orientés ou de personnes interrogées qui sont out.
Méthodologie
Nous avons demandé à des personnes du monde entier de répondre à une série de questions relatives au coming out. La liste complète des questions utilisées dans cette enquête est disponible pour plus d’informations ici.
Tous les répondant·e·s sont des membres de My Transgender Date (un site de rencontre populaire pour les femmes trans) et comprennent des femmes trans et des hommes trans-orientés, qui sont soit out soit in.
Au total, 5 518 réponses uniques ont été obtenues, 64,5% des répondant·e·s s’identifiant comme des hommes trans-orientés et 35,5% comme des femmes trans.
Nous avons adressé notre enquête à des personnes provenant de 136 pays différents et avons traduit nos questions en 6 langues différentes, à savoir l’anglais, le français, l’allemand, l’espagnol, l’italien et le portugais. Nous avons ainsi veillé à ce que nos répondant·e·s puissent comprendre et répondre en toute confiance à notre enquête.
L’âge moyen des répondant·e·s est de 40,7 ans et l’âge médian de 38 ans.
Découvertes
À la fin de notre période d’enquête, nous avons recueilli des données significatives qui nous aident à mieux comprendre l’expérience du coming out des femmes trans et des hommes trans-orientés. Les résultats varient selon qu’il s’agit de femmes trans ou d’hommes trans-orientés, car leurs expériences de coming out sont différentes. La différence réside dans l’identité de genre (femmes trans) comparée à l’orientation sexuelle (hommes trans-orientés). Voici sept de nos découvertes les plus intéressantes.
1. Les femmes trans sont 3 fois plus nombreuses à faire leur coming out que les hommes trans-orientés
84% des femmes trans interrogées ont fait leur coming-out, alors que ce chiffre n’est que de 25% pour les hommes trans-orientés. En fait, 42% des hommes attirés par les femmes trans ont déclaré qu’ils ne voulaient ou ne pouvaient pas faire leur coming-out.
Cela montre que le coming out n’est pas vraiment un choix pour les femmes trans, car il fait partie du processus et de l’expérience de la transition leur permettant de vivre leur vraie vie.
Nous avons demandé aux femmes transgenres in ce qui les empêchait de faire leur coming out. Voici quelques réponses:
“Problèmes sur le lieu de travail, perte d’amis de longue date, conflits familiaux potentiels”
“Ma famille et mes amis ne m’accepteraient pas”
“Être étiqueté et catégorisé”
“Je vis en Russie”
“Dans une relation”
“De la famille et des collègues qui ne comprendraient pas”
Pour les hommes trans-orientés, la situation est différente. L’orientation sexuelle est plus facile à cacher que l’identité de genre, il est donc compréhensible qu’ils aient moins de pression et moins de raisons de faire leur coming out par rapport aux femmes trans.
De même, nous avons demandé aux hommes trans-orientés ce qui les empêchait de faire leur coming out. Voici quelques réponses:
“C’est ma vie privée. De plus, les gens ne sont pas prêts à trouver normal qu’un homme aime les femmes trans.“
“Je me ferais tuer“
“Mon épouse veut être une femme. Elle est maintenant acceptée par tout le monde comme une femme. Pourquoi voudrions-nous maintenant dire aux gens qu’elle n’est pas une femme?”
“Je ne me considère pas comme gay, je suis attiré par les trans parce qu’elles sont des femmes. Elles ont des parties différentes mais sont quand même des femmes”
“Je ne ressens pas le besoin de faire mon coming out, puisque je me considère comme hétéro”
“Je n’ai pas l’impression d’être autre chose qu’un homme hétérosexuel, et par conséquent, il n’est pas nécessaire de faire son coming out”
La question reste profonde. Les hommes trans-orientés devraient-ils s’ouvrir à leur attirance pour les femmes transgenres ? Cela conduirait-il à une plus grande acceptation des personnes trans et à une normalisation des relations trans ? Probablement.
2. Les ami·e·s et les mères sont les premières personnes à qui l’on fait son coming out
Les résultats montrent que les femmes trans choisissent de faire leur coming out à leur mère en premier, tandis que les hommes trans-orientés ont plus de chances de faire leur coming out à leurs ami·e·s en premier.
📌 41% des femmes transgenres ont fait leur coming out à leurs mères en premier, tandis que 27% l’ont fait à leurs ami·e·s d’abord.
📌 47% des hommes trans-orientés ont fait leur coming out à leurs ami·e·s en premier, tandis que 15% d’entre eux l’ont d’abord fait à leurs mères.
Cela s’explique probablement par le fait que les femmes transgenres se sentent plus susceptibles d’être acceptées lorsqu’elles font leur coming out auprès de leur mère, car elles n’ont pas à s’inquiéter de l’éventuelle mentalité machiste (selon laquelle un homme gagne le respect en présentant des caractéristiques considérées comme typiquement masculines) des autres hommes de la famille.
3. Un répondant in sur dix déclare vouloir faire son coming-out d’abord à son·a conjoint·e
Ce chiffre met en lumière la situation des femmes trans et des hommes trans-orientés in qui ne sont pas en mesure d’exprimer leur véritable identité. Ils peuvent être contraints de mener une vie hétéronormative (par exemple, mariage, enfants), et dans certains cas, une double vie.
Caitlyn Jenner constitue l’illustration la plus notoire et la plus médiatisée d’une telle situation. Elle a fait son coming out en tant que femme trans à l’âge de 65 ans, après avoir été mariée à trois femmes et avoir eu 6 enfants. Elle a déclaré avoir souffert de dysphorie de genre depuis l’enfance, et que cela a contribué à mettre fin à son dernier mariage avec Kris Kardashian.
4. Les femmes trans font leur coming out à un âge plus précoce que les hommes trans-orientés
La majorité des femmes transgenres font leur coming-out pendant leur enfance et leur vie de jeune adulte (82% avant 30 ans).
Pour les hommes trans-orientés, la majorité fait son coming out plus tard dans la vie (75% entre 19 et 39 ans).
Les chiffres ci-dessus peuvent être attribués à l’identité de genre par opposition à la sexualité, les femmes trans pouvant découvrir qu’elles sont trans à un âge plus précoce (enfance), tandis que les hommes trans-orientés découvrent leurs préférences pour les femmes trans lorsqu’ils explorent naturellement leur sexualité (de l’adolescence à la fin de l’âge adulte).
Ces chiffres sont toutefois à prendre avec précaution. Ils dépendent également du pays d’origine des personnes interrogées.
Presque toutes les femmes transgenres philippines interrogées ont fait leur coming-out avant l’âge de 30 ans, alors que leurs sœurs des États-Unis l’ont fait à un âge beaucoup plus avancé. Cela peut s’expliquer par le fait que la société philippine accepte culturellement mieux les femmes trans que les sociétés occidentales.
5. Il y a des conséquences négatives au coming out (pour certain·e·s)
Certain·e·s de nos participant·e·s ont subi des conséquences négatives après leur coming out. Les résultats ci-dessous montrent qu’environ un quart des personnes interrogées ont perdu leur emploi / possibilités d’emploi, de la famille et ou des ami·e·s à la suite de leur coming out.
📌 1 femme trans sur 4 ayant fait son coming out a perdu son emploi ou une opportunité d’emploi (26%).
📌 1 femme trans sur 4 ayant fait son coming out a perdu de la famille (27%).
📌 1 homme trans-orienté sur 5 ayant fait son coming out a perdu de la famille (18%).
📌 1 répondant sur 3 ayant fait son coming out a perdu des ami·e·s (31% pour les femmes trans, 28% pour les hommes trans-orientés).
6. Les personnes interrogées qui n’ont pas encore fait leur coming-out craignent beaucoup de le faire
Les personnes interrogées qui n’ont pas encore fait leur coming-out sont plus susceptibles d’avoir de grandes craintes à ce sujet. Les chiffres ci-dessous suggèrent que près de la moitié des répondant·e·s craignent de perdre leur emploi ou des opportunités d’emploi, leurs ami·e·s et leur famille.
📌 1 femme trans in sur 2 craint de perdre son emploi ou une opportunité d’emploi (49%).
📌 1 répondant in sur 2 craint de perdre ses ami·e·s (49% pour les femmes trans, 57% pour les hommes trans-orientés).
📌 2 répondants in sur 5 craignent de perdre de la famille (42% pour les femmes trans, 47% pour les hommes trans-orientés).
7. Faire son coming out n’est pas aussi terrible que ce que les gens pensent
Nous avons observé une différence substantielle entre les attentes négatives des personnes interrogées (voir le constat 6) et la réalité vécue par les personnes interrogées qui ont fait leur coming out (voir le constat 5). Cela se vérifie dans toutes les questions qui leur ont été posées.
📌 31% des répondant·e·s in craignent de perdre leur emploi ou une opportunité d’emploi, alors que cela n’a été le cas que pour 20% des répondant·e·s qui ont fait leur coming out.
📌 56% des répondant·e·s in craignent de perdre des ami·e·s, alors que seulement 30% des répondant·e·s qui ont fait leur coming out les ont effectivement perdus.
📌 45% des répondant·e·s in craignent de perdre de la famille, alors que cette crainte ne s’est concrétisée que pour 24% des répondant·e·s qui ont fait leur coming out.
📌 30% des sondé·e·s in pensent qu’ils regretteraient leur décision de faire leur coming out, alors que seuls 6% des sondé·e·s ayant fait leur coming out le regrettent effectivement.
📌 18% des répondant·e·s in pensent qu’ils rencontreraient une réaction négative de leur entourage après leur coming out, alors qu’en réalité seuls 6% des répondant·e·s qui ont fait leur coming out l’ont fait.
📌 Seuls 21% des répondant·e·s in pensent que leur entourage réagirait très bien, alors que plus de 50% des répondant·e·s qui ont fait leur coming out ont eu des réactions positives après être devenu out.
Nous pouvons facilement voir une chose intéressante dans ces résultats. Les répondant·e·s in sont pessimistes quant aux conséquences de leur coming out.
Mais ce ne sont que des chiffres. En réalité, il est facile d’imaginer que certain·e·s d’entre eux ne le font pas parce qu’ils savent que leur famille ou leurs ami·e·s réagiront mal. En même temps, il est plus facile de faire son coming out lorsque l’entourage est ouvert d’esprit.
Conclusion
Après avoir analysé nos données, nous sommes arrivés à une conclusion positive. De nombreuses personnes interrogées ont déclaré que les conséquences négatives du coming out étaient moins importantes que ce à quoi elles s’attendaient. Parmi les personnes qui ont fait leur coming out, presque aucune n’a de regrets.
Cependant, bien que nous ayons effectué des recherches approfondies, n’oubliez pas que les personnes interrogées dans le cadre de cette étude étaient limitées à la base d’utilisateur·rice·s de My Transgender Date.
De plus, nous ne prétendons pas être des statisticiens, les résultats de cette étude doivent donc être pris tels quels. Les organisations ou les statisticien·ne·s professionnel·le·s qui souhaitent utiliser nos données pour effectuer leurs propres analyses sont invité·e·s à nous faire part de leur intérêt pour un partenariat avec nous (n’oubliez pas que les données brutes sont anonymisées afin de protéger la vie privée de nos membres). Nous espérons qu’à la lumière de cette étude, nous avons recueilli des données significatives pour aider à mieux comprendre la communauté trans.
Enfin, nous souhaitons nous adresser à tous les membres de notre communauté, en particulier à ceux qui ont subi les répercussions de leur coming out. Nous vous offrons notre soutien, ainsi qu’à tous ceux qui vivent les mêmes difficultés.
Nous tenons à vous remercier d’avoir participé à cette enquête et de faire partie de notre communauté. N’hésitez pas à apporter votre soutien à d’autres personnes dans la section des commentaires, et à partager cet article avec une personne qui pourrait en avoir besoin.
Un grand merci également à tout·e·s ceux·elles qui ont pris le temps de répondre à notre enquête et ont rendu cette étude possible.