Les 10 questions à ne pas poser à une femme transsexuelle
Il y a des questions anodines, celles auxquelles on répond avec plaisir, celles qui sont inoffensives, sans arrière-pensée et d’autres qui peuvent embarrasser, gêner ou même choquer. Si vous espérez séduire une femme transgenre ou faire connaissance avec elle, témoignez-lui un intérêt sincère en évitant les questions bateau que nous vous livrons dans le présent article. Si vous n’êtes émoustillé que par sa « différence » et que seule une curiosité déplacée motive votre rencontre, vous n’obtiendrez ni sa confiance ni son amitié et encore moins son cœur.
Il y a des questions très malvenues qui conduisent la conversation sur une pente glissante et hasardeuse. Les femmes transgenres ont l’habitude que celles-ci leur soient posées. Leurs connaissances, leurs collègues, leurs amis, leurs ex et même de parfaits étrangers ont déjà balayé le terrain à maintes reprises: vous ne ferez pas preuve d’une grande originalité si vous reprenez le flambeau de ces interrogations.
Pour éviter de vous empêtrer dans cet écueil de banalités et de clichés, nous avons listé le top 10 des questions récurrentes que l’on pose trop souvent, pour ne pas dire « toujours », à une femme transsexuelle. Et pour satisfaire votre curiosité, nous vous proposons d’y répondre.
1. Quel est ton vrai prénom ?
Commençons par les présentations. Honnêtement, le prénom a-t-il une quelconque importance dans vos relations amicales ou sentimentales ? Cesseriez-vous d’apprécier une personne en raison de son prénom ? A travers la formulation « vrai prénom », vous suggérez que celui qu’elle vous donne n’est qu’un masque ou une apparence. Certes, une femme transgenre a, comme vous, reçu un prénom à sa naissance qui lui a été donné conformément à ses attributs masculins d’origine. Il est fréquent qu’une transsexuelle décide de changer son prénom simplement parce qu’elle désire posséder une identité qui correspond à sa nature profonde. Si elle se présente avec un prénom autre que celui inscrit sur son état civil, c’est parce qu’elle souhaite que cette identité soit reconnue dans ses relations sociales, à défaut de pouvoir la modifier administrativement. En lui demandant son « vrai prénom » vous soulignez que la transsexualité ne serait qu’un rôle qu’elle endosse. Or, il ne s’agit en rien d’une comédie. Il n’y a ni vrai ni faux prénom : il y a celui qu’elle porte et qu’elle a choisi en toute liberté. Le reste n’est que paperasse…
2. Quand as-tu décidé de devenir une femme ?
Pensez-vous qu’on se réveille un matin en ayant en tête l’idée de devenir une femme alors que l’on nous associe à un homme juste pour avoir du fun ? Une femme trans ne décide pas de devenir femme un beau jour. Il s’agit d’un processus et d’une transformation tant physique que psychologique, ancrés dans l’existence de l’individu. En d’autres termes, ce n’est pas un choix de vie que l’on fait comme on décide de changer de métier, de rompre avec sa femme ou d’entamer un régime : c’est une transition progressive en raison d’une dissonance éprouvée depuis l’enfance entre le genre biologiquement imposé et celui auquel la personne s’identifie réellement. Il n’y a ni début déterminé ni fin tranchée dans ce cheminement. C’est pourquoi il ne peut être comparé à une « décision ».
3. Tu ressemblais à quoi avant ?
Avec une telle question, vous vous focalisez sur le passé qui peut être douloureux pour une transsexuelle. La plupart des femmes transgenres souhaitent tourner la page de leur apparence antérieure et n’apprécient pas spécialement qu’on leur rappelle qu’elles ont été physiquement différentes. La question du physique est délicate car elle touche à l’image de soi, elle renvoie au corps et au regard de l’autre. Elles sont ce qu’elles sont aujourd’hui et elles auraient sans doute envie de vous répondre : vivez le moment présent !
4. Tu vas dans quelles toilettes ?
Un grand classique ! Les femmes transsexuelles utilisent les toilettes qui correspondent au genre qu’elles présentent et ce, dans les limites de la loi et de la réglementation. Les toilettes pour hommes leur sont parfois interdites dans certaines circonstances (contexte professionnel, par exemple). La question n’a que peu d’intérêt puisqu’elles ne s’attendent pas à ce que vous les observiez pendant ces moments d’intimité. Tout comme vous, elles y vont, font ce qu’elles ont à y faire et ressortent.
5. Est-ce que tu prends des hormones ?
Cette question est très personnelle car elle touche au domaine médical. Il est vrai que de nombreuses transsexuelles ont recours à l’hormonothérapie. Ce traitement n’est prescrit qu’après plusieurs rendez-vous chez un médecin spécialisé. Ce type de traitement n’est pas anodin dans la vie d’une personne transgenre puisqu’il peut entrainer, outre des changements physiques, des effets secondaires indésirables. Ainsi, il peut être périlleux d’entamer la conversation sur un tel sujet qui reste sensible pour une femme transsexuelle. Ceci appartient à son histoire médicale personnelle. Ce type d’interrogations peut mettre mal à l’aise : la personne risque de se sentir abusivement « médicalisé » sous votre regard. Si vous insinuez que la transsexualité relève d’une déviance ou d’une pathologie, vous pouvez profondément la blesser.
6. Est-ce que tu es opérée ?
Il n’est pas pertinent de demander à une transsexuelle si elle a été opérée et ce, pour plusieurs raisons.
Premièrement, nombreuses opérations peuvent être envisagées par une femme transgenre (augmentation mammaire, résection pomme d’Adam, chirurgie des cordes vocales, implant de cheveux, rectification du nez et des pommettes, épilation définitive…). Si vous escomptez par ce biais lui demander si elle a subi une réassignation génitale, il y a des manières plus élégantes de le savoir. Les opérations qu’une transsexuelle réalise au cours de sa transition sont des choix personnels. Il n’y a pas de parcours chirurgical type. En ce qui concerne la vaginoplastie, elle vous le dira d’elle-même si elle juge qu’il est nécessaire pour vous de connaître cette information.
Deuxièmement, la transition d’une transsexuelle n’est pas exclusivement basée sur l’aspect génital. L’aspect social de ce changement est parfois bien plus complexe. En ne voyant que le côté chirurgical ou génital de ce processus, vous occultez bien d’autres facettes.
7. Est-ce que tes organes sexuels fonctionnent ?
Cette question peut amener la femme transsexuelle à penser que vous êtes davantage centré sur les aspects physiologiques de sa personne que sur ses sentiments et son vécu. La transsexualité est avant tout une expérience identitaire. D’ailleurs, pour certaines transsexuelles les changements physiques importent peu. Il est malsain que le corps devienne l’unique objet des curiosités à propos des transsexuelles. Vous viendrait-il à l’esprit d’évoquer les organes sexuels d’un interlocuteur cisgenre lors d’une conversation?
8. Tu couches avec des hommes ou des femmes ?
Vous l’interrogez ici sur son orientation sexuelle et manquez de tomber dans une confusion légendaire : celle faite entre le genre et l’orientation sexuelle. L’orientation sexuelle est à dissocier du genre auquel une femme transgenre s’identifie. Elle peut être attirée tant par les femmes que par les hommes. Il n’y a pas de règle en la matière. Au passage, notez que la transsexualité n’est pas un type d’orientation sexuelle. Les personnes transgenres connaissent des expériences sexuelles normales et variées, selon les affinités de chacun et comme tout individu normal.
9. Es-tu active ou passive ?
Bien entendu, la question ne s’appliquerait que pour les transsexuelles qui n’ont pas subi l’opération de réassignation génitale. Elle est strictement personnelle et renvoie aux préférences sexuelles de chacun. A moins d’être un intime de la femme transgenre que vous fréquentez, cela ne vous regarde pas. Vous aurez tout le loisir de le découvrir en temps et en heure si les circonstances vous y amènent. Aussi, il n’y a pas de véritable réponse à cette question : tous les goûts sont dans la nature, toutes les envies existent.
10. Y’a-t-il une différence entre être transsexuelle et gay ?
Encore une fois, il ne faut pas confondre identité du genre et orientation sexuelle! Une femme transsexuelle qui n’est attirée que par la gente masculine ne se considérera jamais comme gay. Une transsexuelle qui est attirée par les femmes, par contre, pourrait se considérée gay (lesbienne plus exactement). Mais vraiment, être transsexuelle ou gay est une histoire de catégorisation. Apprenez à sortir de ces logiques toutes faites qui habitent confortablement nos conventions sociales.
Maintenant que certains mystères sont soulevés, si vous commenciez par lui demander ce qu’elle aime dans la vie ? Il y a tant de choses passionnantes à découvrir chez une personne…